par cikuru batumike
Près des touristiques Livorno, Lecina et Vada
Les vagues arrachent les algues froides de la Méditerranée
Près des magiques Lungarno, Signa et Strada
Se bousculent et croissent milles calamités de la journée
Dans le destin des hommes
L’entre deux beautés
Dans le souffle des mômes
Souillé de tous côtés
Dans Melilla circule la rage
De ne pas être devant la vraie enseigne
De tous ceux qui enragent
De leurs entrailles des plaies saignent
Rescapés de Ceuta peint aux contours immoraux et hautains
Délivrés de ces pistes caillouteuses de Sangatte
Victimes des illusions nées et imbibées d’imaginaire lointain
Les rêves de Lampedusa en eldorado se gâtent
Voyageurs sénégalais de Florence
Dans leur éternelle errance et mal-vivre
Ils ne connaissent que la carence
Ils trimballent des broutilles pour vivre
Une profusion visible de valises
Des cartons usés sans fermoirs
Lampedusa est une triste valse
C’est dans la fraîche mémoire
Regards autour des tours
Les Florentins pensent aux musées d’ici
Mémoires aux alentours
Qui ne vénèrent que Laurent de Médicis
Regards des passants
Scrutant cet horizon où des hommes vivent de l’aumône
En ce temps froissant
Seule leur dignité croise des nuits aux rythmes mornes
La loi qui ne cesse de les bousculer les presse
A aller criailler et magouiller un peu plus loin
Personne dans le sens du poil ne les caresse
Contraints à se cacher et à en souffrir au loin
Face à la mer
Exil des destins brisés
Il y a l’amer
Dans des cœurs grisés
Des vagues fortes
Captent de la terre ferme la haine
Des algues portent
Le spectacle qui fait de la peine
Miroir de la bouillonnante mer au milieu des terres
Miroir du temps de la masse noire face à la croix
Image d’une Afrique en bastonnade poussée à terre
Isolée et contrainte à croire sous l’effet de la foi
Face à la mer
Méditerranée
Il y a l’amère
Mauditerranée
Cikuru Batumike. Florence, le 2 décembre 2005
Mauditerranée est tiré de « Arrêt sur étroitures », poèmes, Ed.Société des Ecrivains, Paris, 2007